Monday, January 31, 2011

La coalition au pouvoir au Kenya au bord de la crise constitutionnelle


 La coalition au pouvoir au Kenya traverse une crise, suite à la nomination de trois personnes à des postes clés du système judiciaire. Le président a annoncé vendredi soir la nomination des nouveaux Chef de la Justice, du procureur général et du directeur des poursuites publiques.
Le premier ministre Raila Odinga accuse le président de ne pas l'avoir consulté, alors que  la loi kenyane exige que le président consulte d'abord le premier ministre pour procéder à des nominations de cette importance... L'affaire divise à présent profondément les députés.
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L’affaire a déclenché une véritable crise gouvernementale au Kenya…
Le président Mwai Kibaki a annoncé, tard vendredi soir, les nominations de trois personnalités à la tête de poste clé de la justice :
Alnashir Visram, actuel président de la Cour d’Appel, au poste de Juge de la plus haute cour, Githu Muigai au poste de procureur général, et l’avocat Kioko Kilukumi comme directeur du ministère public.
La société juridique du Kenya a reconnu la validité de ces nominations.
Mais samedi, le premier ministre, Raila Odinga a fait savoir qu'il avait été choqué d'apprendre que le président avait annoncé ces nominations, tard vendredi pour des postes d’une telle importance…
« J’ai été profondément choquée quand j’ai été informé de la chose… Sans aucun doute, cette décision a jeté le pays dans une crise constitutionnelle majeure et peut-être le début de la fin dans le cadre du respect de l’agenda des reformes si elle n’est pas rectifiée et annulée ».
Selon le premier ministre, le pays se dirige tout droit vers une crise constitutionnelle si les nominations ne sont pas rectifiées. Il a exhorté le président à faire marche arrière, et a menacé d’appeler son parti, l’ODM, à bloquer ces nominations.
Le porte-parole du président Kibaki, lui-même en Ethiopie pour le sommet de l’Union africaine, a rejeté ces critiques. Pour Alfred Mutua, le premier ministre a été consulté en temps et en heure.
« Des consultations ne signifient pas des accords a 100% ou un consensus total, sans quoi le pays n’avancerait jamais ».
La coalition au pouvoir semble plus que jamais fragilisée par cette divergence de vue sur le système judiciaire, au moment ou le pays souhaite négocier avec la CPI pour créer un tribunal national spécial pour juger les responsables des violences qui ont entachée les dernières élections, fin 2007, et provoqué la mort de plus de 1200 Kenyans.
La dispute a provoqué des réactions controversées au sein des parlementaires.
Selon le député de Mathira, Ephraim Mwangi, le président a consulté le premier ministre avant de choisir les nouveaux nominés…
« Nous sommes au courant de consultations très complètes entre le président et le premier ministre ces dernières semaines sur ces positions importantes. Que le premier ministre  se retourne ainsi et dise que les nominations ont été faites selon l’intérêt d’une minorité est injuste pour le public ».
Pour Beth Mugo, élue de la région de Dagoretti, les trois personnalités nommées à la tête de la justice doivent ignorer la polémique et se préparer a exercer leurs nouvelles fonctions…
« Nous voulons encourager ces personnes qui ont été nommées à ne pas écouter tout ce bruit. Elles doivent accepter leur nomination et attendre le vote du parlement ».
Mais dans les rangs du Parti Démocratique Orange, l’ODM du PM Odinga, on ne décolère pas…
Le ministre de l’Immigration Oteino Kajwang refuse de reconnaître les nominations.
« Le président ne peut pas nommer sans consulter le premier ministre le procureur général, le chef de la Justice, et le chef de la police, ou encore le chef des renseignements ! »
Et le membre de l’ODM Ibrahim Ahmed a insisté sur le rôle clé du PM dans ces nominations lors d’un rallye politique dimanche…
« Toute nomination pour un poste constitutionnelle doit se faire en consultation avec le Premier ministre du Kenya ! »
Demain mardi, le vice-président Kalonzo Musyoka va présider une réunion des membres du parti du président le PNU, à Nairobi. Selon lui, le PM ne cherche qu’à manipuler l’opinion dans le but de gagner en popularité…


Tuesday, January 18, 2011

Divisions au sein de l'ODM de Raila Odinga


 Des tensions divisent fortement le parti du premier ministre kenyan Raila Odinga, l’Orange Democratic Mouvement - ODM. Le vice-président Kalonzo Musyoka souhaite s'allier à deux autres leaders respectés du parti, le ministre des finances Uhuru Kenyatta et le ministre suspendu de l'enseignement supérieur William Ruto, pour faire dissidence. Tous deux sont sur la liste des suspects nommés par le procureur de la CPI dans le cas des violences de 2007. Le vice-président Musyoka a pour sa part largement fait campagne pour le retrait du Kenya de la CPI. Ils souhaitent apparemment faire front commun en vue de la présidentielle de 2012, contre le premier ministre actuel, souvent donné victorieux des prochaines élections par les commentateurs.

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Les trois politiciens se sont reunis dimanche lors d’un grand rassemblement quasi religieux, pour affirmer leur unité à leur partisans.

Le vice president kenyan Kalonzo Musyoka a rejoint le depute de la region d’Eldoret William Ruto et le ministre des finances Uhuru Kenyatta, dans un discours qui vise une strategie commune pour la presidentielle de 2012…

Il a notamment prié pour ses deux nouveaux alliés, tous deux cités à comparaitre à La Haye par le procureur de la CPI. « J’ai dit a mon ami William Ruto de garder espoir. Je lui ai dit en tant que chrétien je vais prier pour toi. Je pris aussi pour mon ami Uhuru Kenyatta », a déclaré le vice-président Musyoka.

Leur alliance, baptisée KKK car elle compte regrouper les Kikuyus, les Kalendjins et les Kambas, propose de s’unir pour les elections, et d’organiser des primaires pour choisir qui des trois ambitieux sera le mieux placé pour la presidentielle et de le soutenir.

Cet appel à l’unité peut sembler surprenant et surtout très precoce, mais tous les trois ont désormais des interets communs tres forts : leur opposition a l’intervention de la CPI au Kenya, leurs ambitions politiques pour 2012, mais surtout leur opposition croissante à Raila Odinga, premier ministre et leader incontesté de l’ODM.

Selon Uhuru Kenyatta, vice-premier ministre et ministre des finances, les accusations portés contre les six supsects designés par la CPI visent à les écarter de la scene politique et à les marginaliser du parti ODM… Il a appelé à l’unité : « Ce qui compte ce ne sont pas les individus mais c’est notre nation et notre peuple. Et nous devons etre unis si nous voulons la paix ».

Avant son depart pour la Cote d’Ivoire dimanche soir, le premier ministre kenyan, Raila Odinga, a rejeté ces accusations... « L’ODM est un parti d’ampleur national et nous resterons un parti national. Les individus, eux, vont et viennent dans un aprti et cela n’a jamais brisé le parti. Donc les individus sont libres de quitter le parti… ».

L’élection présidentielle au Kenya n’est pas prevue avant decembre 2012 mais depuis l’ouverture des enquetes de la CPI, les hommes impliqués se mobilisent pour ne pas se faire marginaliser et accusent la CPI d’etre politiquement biaisée.  Les sondages quant a eux donnent regulierement le premier ministre Odinga vainqueur de la prochaine election. Ce qui n’est pas pour calmer les ardeurs de ces ennemis politiques… meme au sein de son propre parti.

L'Etat kenyan va devoir payer pour la défense de deux suspects devant la CPI


Le Vice-President kenyan Kalonzo Musyoka a annoncé que l'Etat allait financer la défense des deux des six hommes politiques cités comme suspects par le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo. Il s'agit du chef des services civils Francis Muthaura et de l'ancien chef de la police Hussein Ali. Le procureur général du pays avait officiellement demandé vendredi au ministère des finances de débloquer un budget pour financer cette défense car le droit civil implique que l'Etat paie pour les procès impliquant ses hauts fonctionnaires. Mais cette mesure fait polémique au Kenya... De nombreux ministres, députés, juristes trouvent cette dépense scandaleuse, notamment alors que le pays fait face a une grave crise de sécheresse et voit son budget pour l’éducation limité faute de moyen.
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Le vice président kenyan, Kalonzo Musyoka, a donné une interview exclusive sur le sujet au Sunday Nation, le principal quotidien du pays.

Il a confirmé que le gouvernement avait décidée de financer la défense de deux des suspects que le procureur de la CPI a nommé le 15 décembre dernier dans l’affaire des violences postélectorales de fin 2007 au Kenya.

Il s’agit du chef des services civils, Francis Muthaura, et du major général Hussein Ali, l'ancien chef de la police.
Ces deux personnalités de haut rang font partie des six suspects désignés par Luis Moreno Ocampo, mais contrairement aux 4 autres, 3 ministres et un journaliste, Muthaura et Ali sont des hauts fonctionnaires. Et selon le droit civil kenyan, l’Etat se devrait d’assurer le financement de leur défense en cas de problème judiciaire.

Le vice-président a insisté sur le fait qu’ils sont inculpés dans le cadre de leur fonction…

Il a également précisé que le déblocage de ce budget n’entame en rien l’intérêt du gouvernement pour les victimes des violences, qui ont fait plus de 1200 morts, des milliers de blessés et de centaines de milliers de déplacés.

C’est le porte-parole du gouvernement Alfred Mutua qui a annoncée ce plan en fin de semaine. « Seules deux personnes sont concernées par cette mesure, il s’agit du Major général Hussein Ali et du chef des services civils Francis Muthaura. Ils sont éligible pour ce programme d’aide légale au financement de leur défense selon le code de régulation des services publics  car ils sont accusés dans le cadre de leur fonction ».

Ce choix est loin de faire l’unanimité au Kenya. Et le ministre de la justice lui-même a vivement exprimé son désaccord… Selon lui, les deux hauts fonctionnaires sont au contraire accusés de crimes commis en leur nom propre, et non en tant qu’employés de l’Etat kenyan.

« C’est complètement insensé; ceux qui essaient de lire ces actions comme entrant dans le cadre du code sur les services publics manipule le code, et ils veulent exposer ce pays a une grave incompréhension de la loi », explique le ministre de la justice, Mutula KILONZO.

Plusieurs députés ont également exprimé leur indignation face a ce choix dont l’emblématique Martha Karua, elle-même ancienne ministre de la justice.

« Si les Kenyans se demandent ce qu’est l’impunité et bien la voilà…  Aucun crime ne peut être commis au nom du gouvernement ou du peuple du Kenya ! », a déclaré la député Martha Karua, ancienne ministre de la justice.

Le vice-président n’a pas communiqué le montant de la somme débloquée pour financer la défense des deux suspects.
Mais selon le Nation, il s’agirait de 500 millions de shillings, soit plus de 5 millions et demi de dollars.

Thursday, January 13, 2011

Le Kenyan veut convaincre l'Afrique de tourner le dos à la CPI...


Au Kenyan, certains membres du gouvernement semblent avoir entrepris une véritable campagne continentale contre la Cour pénale internationale… Le vice-président Kalonzo Musyoka et plusieurs ministres ont en effet commencé une tournée auprès de plusieurs chefs d’Etats africains dans le but de les convaincre de se retirer du Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI dont le Kenya est signataire.
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Le vice-président Kalonzo Musyoka était ce mercredi en visite en Afrique du Sud où il a rencontré le président Jacob Zuma. Il a notamment abordé la question de la création d’un tribunal national kenyan pour juger les responsables de violences postélectorales de fin 2007.
Ces violences ont fait plus de 1200 morts, des milliers de blessés, et des centaines de milliers de déplacés en quelques mois, après la présidentielle contestée du 27 décembre 2007. Et ce sont ces évènements qui ont conduit à l’ouverture d’une procédure de la CPI, étant donné que les Parlementaires kenyans n’avaient pas réussi à se mettre d’accord pour la mise en place d’un tribunal exceptionnel.
Le vice-président kenyan prévoit également de se rendre en Ouganda ce jeudi pour obtenir le soutien du Président Yoweri Museveni.

Selon diverses sources, le gouvernement kenyan serait prêt à soutenir la motion des députés demandant le retrait du pays du Statut de Rome. Un mouvement qui parait pourtant en contradiction avec les propos du premier ministre Raila Odinga qui a, à plusieurs reprises, affirmé que le Kenya soutient les efforts de la CPI et de son procureur Luis Moreno Ocampo pour obtenir que la justice soit rendue dans le cas kenyan.

Selon l’article 62 de la convention internationale de Vienne, il est en effet possible de se retirer d’un traité international en prouvant un changement fondamental de circonstance.
La mise en place d’un tribunal national kenyan sur les violences pourraient servir d’excuse à la demande de retrait du Kenya du Statut de Rome.
Parallèlement, le ministre des Services publics, Dalmas Otieno, doit se rendre cette semaine à Abuja, au Nigeria, pour exposer cette idée aux gouvernants nigérians.
D’autres ministres seraient également en route pour le Malawi, le Botswana, le Lesotho, le Zimbabwe, le Ghana, ou encore Djibouti…

L’objectif, selon la presse kenyane, serait de convaincre suffisamment de chefs d’Etat africains pour aborder le sujet lors du prochain sommet de l’Union Africaines, fin janvier, à Addis Abeba.
La présidence tout comme le gouvernement ont refusé de s’exprimer sur cette stratégie et nie tout plan de retrait de la CPI. Mais le cabinet ministériel s’est réuni à ce sujet ce mercredi et a demandé la réouverture de la session parlementaire, close pour cause de vacances saisonnières.
Les députés doivent a présent se réunir mardi prochain pour voter une loi sur la création du tribunal national et nommer de nouveaux visages à la tête du système judiciaire.
De leur côté, les juristes et les défenseurs des droits de l’homme critiquent cette stratégie purement politique, dans un pays encore marqué par les violences postélectorales où la vaste majorité de la population soutient les travaux de la CPI.
Les avocats de la Société juridique kenyane ont par ailleurs insisté sur le fait qu’un retrait du Statut fondateur de la CPI n’empêche en rien le procès des six suspects nommés en décembre d’avoir lieu comme prévu.
 (Melissa Chemam, à Nairobi, pour BBC Afrique)

Wednesday, January 12, 2011

Kenya / Côte d'Ivoire : une médiation pour quelle sortie de crise?

Le premier ministre kenyan a fait savoir mardi par l'intermédiaire de son porte-parole qu'il retournerait a Abidjan jeudi ou vendredi, toujours en tant que médiateur pour l'Union africaine.

Il a rencontré les ambassadeurs des pays occidentaux pour discuter de sa stratégie et leur demander de poursuivre leur effort pour la resolution de la crise ivoirienne. 
 J'ai pu interroger l’ambassadeur de France à Nairobi, Etienne de Poncins, à ce sujet.  Il assure que Ondinga a le soutien de ses partenaires occidentaux dans une mission qui a pour but de ramener la paix en Cote d’Ivoire et d’obtenir la reconnaissance de la victoire d’Alassane Ouattara.

Ce mercredi, le président de l'Union Africaine s'est quant à lui rendu à Nairobi pour discuter de cette visite du Premier Minitre kenyan en Côte d'Ivoire. 

Le Premier Minitre devrait s'y rendre avant la fin de la semaine.

Monday, January 10, 2011

15 000 Sud Soudanais sont inscrits pour voter au Kenya pour un referendum historique


Alors que le vote pour le referendum sur l’avenir du Sud Soudan a commencé dimanche, plus de 60 000 Sud Soudanais se sont inscrits pour voter à l’étranger. Des bureaux de vote sont ouverts aux Etats-Unis, à Londres et surtout au Kenya, où se trouve la majorité de ces Sud Soudanais exilés. 15 000 voteront au Kenya jusqu'au samedi 15 janvier.

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De jeunes Sud Soudanais sont venus voter comme on se rend à une fête de famille. Les fenêtres ouvertes de leur véhicule laisse entendre une musique festive, et les jeunes électeurs arborent de larges sourires…

Pour Daniel, qui a trouvé refuge au Kenya en 2001, il s’agit d’un tournant historique. « Aujourd’hui je suis venu voter pour mon pays. Je suis au Kenya depuis près de 10 ans et ce referendum, c’est tout pour nous, surtout pour les jeunes, car notre vie n’a jamais été facile. Donc il est très important de voter et je prie Dieu d’apporter le changement pour le Sud Soudan. Au Sud Soudan, nos vivions comme si ce n’était pas notre pays. Et puis il n’y a ni hôpital ni école, et les combats continuent tous les jours, c’est pour cela que nous avons fui au Kenya, à cause de la guerre. C’est pourquoi ce referendum sera une bonne chose pour nous, nous allons pouvoir retourner dans notre terre promise. Et nous voulons que les enfants de nos enfants connaissent une vie meilleure, pas comme la notre… ».

Le centre de vote du Railway Club est le principal de la capitale Nairobi, qui en comprend deux. En tout, huit bureaux de vote ont été ouverts au Kenya pour accueillir les Sud Soudanais vivant dans le pays, notamment dans la ville d’Eldoret, dans la vallée du Rift, et dans les deux camps de réfugiés de Dadaab et de Kakuma, au nord du Kenya.

Certaines organisations estiment que près d’un millions de Soudanais du  Sud vivraient au Kenya. En tout cas, 15 000 d’entre eux sont inscrits pour le referendum.

La plupart des électeurs sont des jeunes et des étudiants. Et l’atmosphère devant le bureau de vote est inébranlablement optimiste, presque tous pensent que l’indépendance du Sud Soudan est acquise…

« Je suis venu voter hier, le 9… Et j’espère que ce referendum sera bon pour nous. Peut-être qu’il y a de rares personnes qui voteront pour l’unité du Soudan, mais j’espère que la majorité, même 90% votera pour la séparation.  »

Cet espoir d’une indépendance pourrait changer la vie de ces Sud Soudanais du Kenya, qui espèrent ainsi enfin rentrer chez eux… « Je suis ici depuis 2002, et j’ai décidé de rentre a partir du moment où j’ai su qu’o aurait l’opportunité de voter pour nos droits, même ici. Mon vote peut déterminer mes droits à venir et bien sur c’est excitant. Je pense que les Sud Soudanais devraient rentrer et reconstruire notre nation ».

Les Sud Soudanais du Kenya ont jusqu’à samedi pour voter. Le règlement du referendum stipule que 60% des 4 millions de Sud Soudanais inscrits doivent participer au vote pour qu’il soit validé. La campagne se poursuit donc pour mener chaque électeur au bureau de vote.