La coalition au pouvoir au Kenya traverse une crise, suite à la nomination de trois personnes à des postes clés du système judiciaire. Le président a annoncé vendredi soir la nomination des nouveaux Chef de la Justice, du procureur général et du directeur des poursuites publiques.
Le premier ministre Raila Odinga accuse le président de ne pas l'avoir consulté, alors que la loi kenyane exige que le président consulte d'abord le premier ministre pour procéder à des nominations de cette importance... L'affaire divise à présent profondément les députés.
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L’affaire a déclenché une véritable crise gouvernementale au Kenya…
Le président Mwai Kibaki a annoncé, tard vendredi soir, les nominations de trois personnalités à la tête de poste clé de la justice :
Alnashir Visram, actuel président de la Cour d’Appel, au poste de Juge de la plus haute cour, Githu Muigai au poste de procureur général, et l’avocat Kioko Kilukumi comme directeur du ministère public.
La société juridique du Kenya a reconnu la validité de ces nominations.
Mais samedi, le premier ministre, Raila Odinga a fait savoir qu'il avait été choqué d'apprendre que le président avait annoncé ces nominations, tard vendredi pour des postes d’une telle importance…
« J’ai été profondément choquée quand j’ai été informé de la chose… Sans aucun doute, cette décision a jeté le pays dans une crise constitutionnelle majeure et peut-être le début de la fin dans le cadre du respect de l’agenda des reformes si elle n’est pas rectifiée et annulée ».
Selon le premier ministre, le pays se dirige tout droit vers une crise constitutionnelle si les nominations ne sont pas rectifiées. Il a exhorté le président à faire marche arrière, et a menacé d’appeler son parti, l’ODM, à bloquer ces nominations.
Le porte-parole du président Kibaki, lui-même en Ethiopie pour le sommet de l’Union africaine, a rejeté ces critiques. Pour Alfred Mutua, le premier ministre a été consulté en temps et en heure.
« Des consultations ne signifient pas des accords a 100% ou un consensus total, sans quoi le pays n’avancerait jamais ».
La coalition au pouvoir semble plus que jamais fragilisée par cette divergence de vue sur le système judiciaire, au moment ou le pays souhaite négocier avec la CPI pour créer un tribunal national spécial pour juger les responsables des violences qui ont entachée les dernières élections, fin 2007, et provoqué la mort de plus de 1200 Kenyans.
La dispute a provoqué des réactions controversées au sein des parlementaires.
Selon le député de Mathira, Ephraim Mwangi, le président a consulté le premier ministre avant de choisir les nouveaux nominés…
« Nous sommes au courant de consultations très complètes entre le président et le premier ministre ces dernières semaines sur ces positions importantes. Que le premier ministre se retourne ainsi et dise que les nominations ont été faites selon l’intérêt d’une minorité est injuste pour le public ».
Pour Beth Mugo, élue de la région de Dagoretti, les trois personnalités nommées à la tête de la justice doivent ignorer la polémique et se préparer a exercer leurs nouvelles fonctions…
« Nous voulons encourager ces personnes qui ont été nommées à ne pas écouter tout ce bruit. Elles doivent accepter leur nomination et attendre le vote du parlement ».
Mais dans les rangs du Parti Démocratique Orange, l’ODM du PM Odinga, on ne décolère pas…
Le ministre de l’Immigration Oteino Kajwang refuse de reconnaître les nominations.
« Le président ne peut pas nommer sans consulter le premier ministre le procureur général, le chef de la Justice, et le chef de la police, ou encore le chef des renseignements ! »
Et le membre de l’ODM Ibrahim Ahmed a insisté sur le rôle clé du PM dans ces nominations lors d’un rallye politique dimanche…
« Toute nomination pour un poste constitutionnelle doit se faire en consultation avec le Premier ministre du Kenya ! »
Demain mardi, le vice-président Kalonzo Musyoka va présider une réunion des membres du parti du président le PNU, à Nairobi. Selon lui, le PM ne cherche qu’à manipuler l’opinion dans le but de gagner en popularité…
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