Thursday, January 13, 2011

Le Kenyan veut convaincre l'Afrique de tourner le dos à la CPI...


Au Kenyan, certains membres du gouvernement semblent avoir entrepris une véritable campagne continentale contre la Cour pénale internationale… Le vice-président Kalonzo Musyoka et plusieurs ministres ont en effet commencé une tournée auprès de plusieurs chefs d’Etats africains dans le but de les convaincre de se retirer du Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI dont le Kenya est signataire.
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Le vice-président Kalonzo Musyoka était ce mercredi en visite en Afrique du Sud où il a rencontré le président Jacob Zuma. Il a notamment abordé la question de la création d’un tribunal national kenyan pour juger les responsables de violences postélectorales de fin 2007.
Ces violences ont fait plus de 1200 morts, des milliers de blessés, et des centaines de milliers de déplacés en quelques mois, après la présidentielle contestée du 27 décembre 2007. Et ce sont ces évènements qui ont conduit à l’ouverture d’une procédure de la CPI, étant donné que les Parlementaires kenyans n’avaient pas réussi à se mettre d’accord pour la mise en place d’un tribunal exceptionnel.
Le vice-président kenyan prévoit également de se rendre en Ouganda ce jeudi pour obtenir le soutien du Président Yoweri Museveni.

Selon diverses sources, le gouvernement kenyan serait prêt à soutenir la motion des députés demandant le retrait du pays du Statut de Rome. Un mouvement qui parait pourtant en contradiction avec les propos du premier ministre Raila Odinga qui a, à plusieurs reprises, affirmé que le Kenya soutient les efforts de la CPI et de son procureur Luis Moreno Ocampo pour obtenir que la justice soit rendue dans le cas kenyan.

Selon l’article 62 de la convention internationale de Vienne, il est en effet possible de se retirer d’un traité international en prouvant un changement fondamental de circonstance.
La mise en place d’un tribunal national kenyan sur les violences pourraient servir d’excuse à la demande de retrait du Kenya du Statut de Rome.
Parallèlement, le ministre des Services publics, Dalmas Otieno, doit se rendre cette semaine à Abuja, au Nigeria, pour exposer cette idée aux gouvernants nigérians.
D’autres ministres seraient également en route pour le Malawi, le Botswana, le Lesotho, le Zimbabwe, le Ghana, ou encore Djibouti…

L’objectif, selon la presse kenyane, serait de convaincre suffisamment de chefs d’Etat africains pour aborder le sujet lors du prochain sommet de l’Union Africaines, fin janvier, à Addis Abeba.
La présidence tout comme le gouvernement ont refusé de s’exprimer sur cette stratégie et nie tout plan de retrait de la CPI. Mais le cabinet ministériel s’est réuni à ce sujet ce mercredi et a demandé la réouverture de la session parlementaire, close pour cause de vacances saisonnières.
Les députés doivent a présent se réunir mardi prochain pour voter une loi sur la création du tribunal national et nommer de nouveaux visages à la tête du système judiciaire.
De leur côté, les juristes et les défenseurs des droits de l’homme critiquent cette stratégie purement politique, dans un pays encore marqué par les violences postélectorales où la vaste majorité de la population soutient les travaux de la CPI.
Les avocats de la Société juridique kenyane ont par ailleurs insisté sur le fait qu’un retrait du Statut fondateur de la CPI n’empêche en rien le procès des six suspects nommés en décembre d’avoir lieu comme prévu.
 (Melissa Chemam, à Nairobi, pour BBC Afrique)

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