Le procureur de la CPI a annoncé ce midi, depuis La Haye aux Pays-Bas, les noms des six suspects appelés devant le tribunal international mis en place pour juger les responsables des violences postélectorales au Kenya de fin2007 début 2008.Ces six responsables politiques de haut rang sont soupçonnés d'avoir provoqué les troubles. Son discours était attendu depuis des semaines au Kenya.
Les réactions au Kenya sont nombreuses, pour les défenseurs des droits de l’homme, il s’agit d’une grande avancée. Pour les suspects et le gouvernement, les accusations arrivent trop vite et sans preuve.
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Luis Moreno Ocampo a enfin révélé les noms des six suspects qu’il compte appeler devant la Cour pénale internationale.
Et comme annoncé, il s’agit de personnalités clés de la vie politiques kenyanes :
le député d’Eldoret William Ruto, le directeur du Mouvement démocratique orange Henry Kosgey, le haut fonctionnaire et proche du président Francis Muthaura, le ministre des finances et vice premier ministre Uhuru Kenyatta, le journaliste Joshua Arap Sang, et enfin le député de Mandera et ancien chef de la police Mohamed Hussein Ali.
Luis Moreno Ocampo, procureur de la CPI : « En accord avec nos investigations, nous avons trouvé que dès le début 2008, William Ruto et Henry Kosgey, les dirigeants du Mouvement démocratique orange ont commencé à préparer un plan criminel pour attaquer ceux qu’ils identifiaient comme des partisans du parti au pouvoir, surtout dans la vallee du Rift. En reponse, les membres du gouvernement ont aussi commis des crimes ».
Ocampo a insisté pour rappeler que ces six suspects sont pour l’instant innocents.
Pour Mose Mogeni, militant des droits humains pour l’ONG InformAction, la plupart de ces noms étaient attendus et le pays devrait pouvoir rester calme… Mais il est peu sur que les suspects se présentent d’eux-mêmes a la Haye.
Mose Mogeni, de l’ONG InformAction : « Un ou deux noms sont surprenant comme celui de Henry Kosgey, mais cette annonce semble autrement très juste. Et je pense que tout cela est pour le bien du Kenya, malgré les partis et dirigeants nommés ou pas. Mais il problème sera de convaincre les suspects de se présenter d’eux-mêmes à La Haye, ce sera difficile ».
Du côté des suspects, Francis Mutaura a rapidement réagi et clamé son innocence…
« Le procureur a le devoir d’enquêter sur les circonstances de ces crimes et d’incriminer les coupables. Malgré cela, il ne m’a pas contacté et ne m’a demandé aucun témoignage. Je suis innocent et j’attends de voir ce que les juges de la CPI vont faire du dossier procureur. J’espère qu’ils vont rejeter ce dossier ».
Le Ministre des finances Uhuru Kenyatta, le fils du premier président du Kenya, Jomo Kenyatta, a réagi avec le même scepticisme.
« J’espère que la procédure d’enquête de la CPI sera libre et juste. Je pense que c’est une chance de pouvoir présenter ma version de l’affaire et prouver ainsi mon innocence. Je suis à présent déclaré suspect et pourtant on ne m’a pourtant pas informé ni demandé de répondre aux accusations faites contre moi ».
Le président Mwai Kibaki a réagi par une déclaration écrite en affirmant qu’il était prématuré de demander aux suspects de quitter leurs postes. Il a également répété son souhait de voir une autre option mise en place : celle d’un tribunal local…
Lundi soir la présidence avait en effet annoncé que le pays va parallèlement se doter de son propre tribunal pour juger les responsables présumés des violences.
Pour Muthoni Wanyeki, directrice de la Commission kenyane pour les droits de l’homme, les responsables politiques kenyans sont pris de court…
« Ils ne s’attendaient pas à ce que le procureur de la CPI agisse aussi vite. Et ils semblent qu’ils sont de plus en plus nerveux devant la perspective d’être poursuivis. C’est une sorte de dernière tentative pour amoindrir le processus judicaire de la CPI. D’un point de vue purement rationnel, il faut aussi voir qu’à un moment donné le Kenya va devoir ouvrir un procès national pour juger les responsables de second rang et de moindre plan ».
Enfin le président américain Barack Obama a appelé les Kenyans à voir les avancées positives qu’implique le procès de la CPI pour le pays et a salué les progrès déjà accomplis contre l’impunité. Il a également encouragé les dirigeants kenyans à coopérer avec la Cour.
Selon toutes vraisemblances, la CPI n’ouvrira pas le procès avant début 2011, voir avant 3 ou 4 mois.
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