Tuesday, December 14, 2010

Violences de 2007/08: Le gouvernement kenyan veut un tribunal local

   La présidence du Kenya a annoncé lundi soir que le pays va se doter de son propre tribunal pour juger les responsables présumés des violences survenues après l'élection présidentielle de 2007.
La décision intervient alors que le procureur de la CPI doit annoncer demain mercredi les noms des 6 suspects qui seront appelés devant le tribunal international mis en place pour juger ces violences. Six responsables politiques de haut rang sont soupçonnés d'avoir provoqué les troubles post-électoraux.
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« L’initiative sera conduite quelles que soient les décisions de la Cour pénale internationale », a déclaré la presidence kenyane.

Selon le gouvernement, la seule raison d'intervention de la Cour Pénale Internationale au Kenya est l'absence d'un tribunal national pour juger les responsables de ces violences.
Ce tribunal local aura pour role de réparer cette erreur...

Mais la présidence n'a pas clarifié s'il avait l'intention de se retirer du processus de la CPI...

Le président kenyan Mwai Kibaki : « Je suis conscient que le processus nécessaire pour rendre justice dans l’affaire des violences postélectorales occupe toujours les esprits des Kenyans ».

Cette nouvelle était loin d’etre attendue au Kenya, alors que le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, doit révéler demain le nom des six suspects impliqués dans les deux affaires que va ouvrir la Cour avant la fin du mois. 

C’est en effet parce que les députés kenyans n’ont pas réussi à voter la mise en place d’un tribunal national que la CPI a pu intervenir au Kenya.

Alors que le futur tribunal international et le procureur de la CPI ont le soutien d’une large majorité de la population kenyane, la mise en place du tribunal a profondément divisé les députés et les dignitaires de haut rang du pays. Certains accusent la CPI d'etre partiale...
D’autres craignent d’etre chassés du jeu politique par une implication dans le procès de la CPI, alors que se profilent les prochaines élections générales, prévues pour 2012.

Pour les défenseurs des droits de l’homme au Kenya, il y a peu de chances que la décision de la présidence affecte le Tribunal mis en place par la CPI. Le tribunal national peut par contre permettre de juger d’autres personnes impliquées dans ces violences.

Pour Muthoni Wanyeki, directrice de la Commission kenyane pour les droits de l’homme, « du point de vue politique, on peut dire que les membres du gouvernement kenyan ne s’attendaient pas à ce que le procureur de la CPI agisse aussi vite. Et ils semblent qu’ils sont de plus en plus nerveux devant la perspective d’etre poursuivis. C’est une sorte de derniere tentative pour amoindrir le processus judiciare de la CPI. D’un point de vue purement rationnel, il faut aussi voir qu’à un moment donné le Kenya va devoir ouvrir un procès national pour juger les responsables de second rangs et en responsables d’un moindre plan, et si possible de préférence quand les procès de la CPI seront déjà bien avancés ».

Les violences, survenues après l’élection presidentielle du 27 décembre 2007 en raison de la contestation des résultats de la présidentielle, ont fait 1.200 morts et plus de 350.000 déplacés au Kenya.

Luis Moreno Ocampo donnera une conférence de presse mercredi à 12h, heure de La Haye pour annoncer le nom des prévenus, soit à 14h, heure du Kenya.


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