Reportage réalisé pour la Deutsche Welle en français:
Lien audio : http://www.dw-world.de/dw/article/0,,6524464,00.html?maca=fra-podcast_sante-1858-xml-mrss
Le préservatif n'est pas seulement un moyen de contraception, c'est aussi un moyen de prévention contre les infections sexuellement transmissibles. Face aux ravages des IST en Afrique, il est nécessaire de se protéger!
Pourquoi le préservatif est nécessaire pour se protéger contre les IST ? Quels sont les autres moyens de contraception sur le continent africain? Eléments de réponse avec le Docteur Théophile Nana Njamen, gynécologue obstétricien à l’hôpital général de Douala au Cameroun.
Au Kenya, comme dans la plupart des pays africains, les préservatifs sont gratuits dans les centres de santé. Encore faut-il y avoir accès, pas toujours évident en zone rurale. Sinon, il reste toujours les préservatifs vendus dans le commerce mais il faut débourser 4 shillings kenyans soit 4 centimes d'euros pour se procurer le petit bout de latex. En mars dernier, les Kenyans ont dû faire face à une pénurie de préservatifs. Depuis, Nairobi a fait appel aux Etats-Unis pour envoyer une cargaison de 45 millions de contraceptifs. Le Kenya n’aurait-il pas plutôt intérêt à produire ses propres préservatifs ? La sensibilisation contre les infections sexuellement transmissibles est-elle efficace ? De Nairobi, l'enquête de Melissa Chemam.
Auteur : Cécile Leclerc
Edition : Mireille Dronne
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Une pénurie de préservatifs a frappé le Kenya en mars dernier. Des témoignages de consommateurs qui lavent les préservatifs pour les réutiliser ont fait le tour du monde… Le gouvernement kenyan a demandé aux Etats-Unis d’envoyer d'urgence 45 millions de préservatifs pour faire face à la pénurie, due à une consommation en flèche. La cargaison de préservatifs, financés par le plan d'urgence présidentiel américain contre le sida (PEPFAR selon l'acronyme anglais) est arrivée au Kenya le 10 avril. Le pays n’aurait-il pas plutôt intérêt a produire ses propres préservatifs ? La sensibilisation contre le VIH est-elle efficace ? Éléments de réponse depuis Nairobi.
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Le problème se pose surtout dans les régions les plus isolées du pays.
Avec le très mauvais état des routes au Kenya, il est difficile d'acheminer partout les préservatifs. Au sein des communautés massai et samburu, l’usage du préservatif est quasiment nul.
Dans la région d'Isiolo, au nord du pays, des hommes ont même été contraints de laver des préservatifs usés pour les recycler... Michael Timapati, coordinateur du Réseau des communautés pastoralistes du Kenya, il est possible de changer ces pratiques.
« L’un des défis est le manque d’information. Vous savez ces communautés ont longtemps été exclus de la société kenyane, elles ne sont donc pas informées comme il faudrait, il y des raisons historiques à cela et une méfiance du gouvernement du fait de la facon dont le gouvernement les a longtemps traitées ».
Selon Peter Abwao de NEPHAK, l’association des personnes vivant avec le VIH / SIDA, les préservatifs sont inabordables pour bon nombre de Kenyans et doivent etre distribués gratuitement.
« Heureusement pour les clients, les préservatifs sont essentiellement importés et distribués gratuitement. Si les gens devant les payer eux-memes, je doute que beaucoup puissent les acheter, surtout dans els zones rurales, les plus pauvres du pays ».
Mais le pays fait fasse à une consommation exponentielle, ce qui prouve aussi que le travail de prévention porte ses fruits… Peter Abwao de NEPHAK:
« Bien sur, depuis 10 ans, le niveau de conscience par rapport au VIH SIDA a augmenté, il y a eu de nombreuses campagnes et une plus grande acceptation de l’utilisation des préservatifs masculins, mais malheureusement les distributions de préservatifs ne suivent pas ce rythme. Donc les gens sont conscients qu’ils doivent ce protéger mais n’ont pas accès aux outils qu’il faut pour cela ».
La pénurie de préservatifs est de fait due à une consommation en forte hausse de préservatifs, selon le directeur de la santé publique, Shahnaaz Sharif.
Il a relevé que la demande qui était de huit millions par mois début 2010, est d'environ 20 millions en 2011. Pour une population de 40 millions d’habitants.
La situation s’est régularisée en avril, avec une nouvelle livraison destinée à durer jusqu'en août. La précédente livraison de 19 millions de préservatifs est arrivée en janvier, et a été épuisée en un mois et demi.
Le Kenya a également signé un accord de long terme avec le Fonds des Nations Unies pour la population en vue de la livraison de 180 millions de préservatifs supplémentaires, selon Peter Cherutich, directeur adjoint du programme national de lutte contre le sida. Pour Michael Timapati, coordinateur du Réseau des communautés pastoralistes du Kenya, il faut travailler sur l’éducation des populations nomades…
« La meilleure approche est d’assurer qu’il y a une des distributions constantes de ces produits, mais aussi il faut que ces populations soit eduquées et ce dans des langues qu’elles comprennent, leurs langues locales. Cela peut se faire à travers les radios locales et avec l’aide des chefs les plus repectés ».
Une des solutions qui pourrait tout changer serait d’enfin produire des préservatifs au Kenya, selon Peter Abwao de NEPHAK :
« C’est ce que nous encourageons dans l’association, contre une maladie comme le SIDA, ce serit important que le gouvernement produise des préservatifs ici, malheureusement ce n’est pas encore le cas, mais nous esperons que dans pas si longtemps le gouvernement mettra en place un mecanisme de production locale pour que les prix soient subventionnés ».
Actuellement, 75% des preservatifs utilisés au Kenya sont distribués grtuitement et viennent de Chine et surtout des Etats-Unis.
Le gouvernement kenyan est en pourparlers avec l’entreprises EALM, East Africa Latex manufacturers, qui prevoit de produire 180 millions de préservatifs par an et d’employer 200 personnes. Le Dr Willis confirme :
« Le Kenya va accueillir le premier forum sur la production locale de préservatifs, pour trouver comment l’aide internationale peut aider à financer la production locale. Ce forum se tiendra à Nairobi a la fin du mois de mai ».
L’entreprise n’attend plus que l’arrivée des fonds publics qui permettront cette production. Espérons que le gouvernement kenyan respecte cet engagement, pour le bien de tous.
Melissa Chemam, Nairobi, pour DW