La Cour pénale internationale a délivré mardi soir des citations à comparaître pour le 7 avril contre six hauts responsables kenyans suspectés de crimes contre l'humanité lors des violences post-électorales fin 2007-début 2008. La court a émis deux ordonnances publiées sur son site internet.
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Les juges de la CPI ont ordonné aux suspects « de se présenter à la Cour le 7 avril ».
La Cour prévoit deux audiences distinctes, l’une pour les trois suspects Uhuru Kenyatta, vice Premier ministre et ministre des Finances du Kenya, Francis Muthaura et Hussein Ali.
La seconde pour les deux ministres suspendus William Ruto et Henry Kosgey ainsi que pour le journaliste Joshua Arap Sang.
Les membres de la société civile kenyane ont accueilli très favorablement cette décision ce mercredi, comme Gladwell Otieno, la directrice du Centre africain pour une gouvernance transparente (Africa Centre for Open Governance ) : « Il faut que le processus de la CPI suive son cours et que les suspects se presentent volontairement à La Haye le 7 avril , comme l’exige la décision de la chambre préliminaire. En tant que membre de la société civile kenyane, nous réaffirmons que la position du procureur est dans le meilleur intérêt de la population kenyane, et particulièrement en ce qui concerne la protection des témoins ».
Le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, avait révélé le 15 décembre 2010 les noms de ces six suspects, issus des deux principaux partis qui dirigent le pays depuis 2008 au sein d’une coalition. Il avait demandé contre des citations à comparaître. C’est désormais choses faites.
Cet appel intervient alors que le vice-preésident a mis en place une grande équipée diplomatique en Afrique pour demander le report du procès à La Haye et la mise en place d’un tribunal national kenyan pour juger les responsables des violences…
Alors que les travaux de la CPI sont largement soutenus par l’opinion publique kenyane, ils ont provoqué de nombreuses vagues au sein de la classe dirigeant du pays.
Parmi les suspects figurent notamment deux candidats sérieus à la prochaine élection présidentielle de 2012, le ministre des Finances Uhuru Kenyatta, et le ministre de l'Education supérieure, actuellement suspendu, William Ruto.
Tous deux ont promis de collaborer avec la CPI, mais ont entamé plusieurs stratégies pour éviter le procès.
Le parlement kenyan a notamment appelé le 23 décembre 2010 le gouvernement à se retirer du Statut de Rome, fondement juridique de la CPI, dénonçant le fait que "seuls des Africains des anciennes colonies sont jugés par la Cour".
Une motion a alors été adoptée par le parlement ; elle rappelait que l'adoption d'une nouvelle Constitution par le Kenya en août 2010 permet de juger dans un cadre national les responsables présumés des violences de 2007-2008 et de rendre caduque l'adhésion du pays au Statut de Rome...
Cinq des six suspects ont confirmé qu’ils se rendraient à La Haye le 7 avril prochain. Seul Francis Muthaura ne s’est ps exprimé.
Plus de 1.200 personnes ont été tuées et plus de 300.000 déplacées lors des violences postélectorales qui ont suivi la réélection contestée du président Mwai Kibaki le 27 décembre 2007 face à son adversaire Raila Odinga, actuel Premier ministre du gouvernement de coalition.
Melissa Chemam, Nairobi, pour BBC Afrique
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