Wednesday, March 30, 2011

Reportage au Somaliland

 Grâce à une mission de l'UNODC, le programme de l'ONU de lutte contre le trafic de drogues et les crimes, je suis en mission pour quelques jours au Somaliland. Une prison pour criminels accusés de piraterie vient d'y ouvrir mardi, dans la capitale Hargeisa, en presence des principaux ministres du Somaliland et du directeur de l'UNODC.

Voici la transcription de mon premier reportage radio dans cette région séparatiste de Somalie, autoproclamée indépendante depuis 1991 et la chute du dictateur au pouvoir a Mogadiscio, Siad Barré.

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Le Bureau des Nations Unies luttant contre les Drogues et les Crimes, UNODC, a financé la construction de cette nouvelle prison qui accueille essentiellement des pirates somaliens, à Hargeisa, la capitale de la région séparatiste du Somaliland.
La région, qui aspire à l’indépendance, est l’une des seules zones en paix de Somalie et a décidé de s’engager dans la lutte contre la piraterie auprès de la communauté internationale, notamment l’ONU et l’Union européenne.
 L’inauguration a eu lieu mardi 29 mars, en présence des ministres de la justice et de l’intérieur, et du directeur exécutif de l’UNODC.
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L’immense bâtiment est presque entièrement blanc et bordé de quelques lisières vertes, la couleur de l’islam…
Ici dans la cour de la prison, c’est là que les détenus, essentiellement des pirates somaliens, mangent et travaillent, tous les matins.
88 détenus ont déjà été transférés à Hargeisa et des dizaines d’autres y sont déjà attendus. La prison peut accueillir jusqu'à 250 personnes.
La plupart de ces pirates sont somaliens et ont été arrêtés au large des côtes du Somaliland, comme nous l’explique le conseiller spécial du Ministre de la Justice, Ali Omar.
« Cette prison régionale de Hargeisa a été construite par le programme de l’ONU pour le développement et fini par l’UNODC. La plupart des prisonniers ne sont pas de Somaliland, ils ont été capturés dans les eaux de la région et jugés par une cour du Somaliland. Ils sont souvent d’autres régions de Somalie, du Puntland notamment, le Sud. Certains ont été condamnés à 20 ans de prison, d’autres à 15 ans, cela dépend de leur crime ».
La prison doit entre autre devenir le lieu de programmes de réhabilitation, poursuit-il
« Nous devons légalement leur dire quelle est la réalité qui les attend. C’est ce qui se passe avec la piraterie… Et nous allons tenter de les reformer. Les activités dans la prison sont prévues pour la réhabilitation et la réinsertion de tels criminels.
Nous avons pu parler aux pirates qui viennent d’être installés dans la prison d’Hargeisa. Pour Mahmud, par exemple, l’heure est aux regrets…
« J’ai été emprisonné il y a un an. J’ai commis des crimes. Pour des pirates ? Oui…
Mais la plupart des détenus ne veulent pas admettre qu’ils ont participé à des activités de piraterie.
« Ma famille est ici à Hargeisa et moi j’ai été condamné a 14 ans de prison… c’est terrible. Et j’ai commis un seul crime… », explique un autre détenu.
« Moi  j’ai seulement volé, et un truc qui ne vaut pas plus de 2 dollars…  Et il m’ont arrêtée et emprisonnée il y a un an. Ici c’est l’enfer… On n’a aucune liberté », raconte un troisième.
Le directeur exécutif de l’UNODC, Yury Fedotov, spécialement venu au Somaliland pour l’inauguration, s’est dit optimiste sur le rôle de la nouvelle prison dans la lutte globale contre la piraterie. Il a également salué le rôle du Somaliland.
« Nous voulons aider la région  à lutter contre le crime, à développer une justice pénale, et à assurer un Etat de droit. Et bien sur la piraterie est un dossier important. De nos activités dans la région. Et ce que nous faisons en particulier au Somaliland fait partie de ce programme ».

L'ONU a investi 150 millions de dollars US dans la construction de ce pénitencier.
 
Aucune prison n’avait été construite en Somalie depuis 50 ans, alors que les citoyens somaliens constituent l’essentiel des pirates en activité dans l’océan Indien.

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